Guy Bedos dans Un éléphant ça trompe énormément (Yves Robert, 1976) - © Gaumont

Hommage à Guy Bedos

Artiste de music-hall, humoriste, auteur et comédien, Guy Bedos nous a quittés jeudi 28 mai 2020 à l’âge de 85 ans, quelques jours seulement après la disparition de son fidèle ami Jean-Loup Dabadie. Retour sur une carrière cinématographique certes discrète, mais tout de même brillante par ses choix et ses illutres rencontres.

Né le 15 juin 1934, Guy Bedos grandit à Alger, avant de s’installer en France avec sa famille. Il s’inscrit rapidement à l’école de la rue Blanche, où il y apprend le théâtre classique, puis dans la foulée monte sur les planches pour jouer Mon ami le cambrioleur, mis en scène par ses soins et une de ses connaissances, Jean-Paul Belmondo, durant une tournée d’été. Bébel se souvient : « Ce fut un fiasco, mais le début d’une grande et belle amitié. »

Guy Bedos et Daniel Emilfork dans Futures vedettes (Marc Allégret, 1955) - © Warner Bros France
Guy Bedos et Harry Max dans Courte-tête (Norbert Carbonnaux, 1956) - © René Chateau

En 1955, Bedos fait ses premiers pas au cinéma sous la direction de Marc Allégret dans Futures vedettes, un long-métrage au titre prometteur réunissant Jean Marais, Brigitte Bardot, ainsi qu’un certain Yves Robert. Il enchaîne sans tarder avec Courte tête de Norbert Carbonnaux, avec un Louis de Funès en pleine ascension, d’après un scénario d’Albert Simonin et des dialogues signés Michel Audiard. C’est d’ailleurs l’une des œuvres favorites du célèbre dialoguiste.

Guy Bedos dans Dragées au poivre (Jacques Baratier, 1963) - © Les Films du Paradoxe

Puis Guy Bedos croise la route de Jacques Baratier, homme exigeant aux antipodes de toute exploitation commerciale, et imagine avec son appui une fantaisie burlesque intitulée Dragées au poivre, l’histoire de Gérard, un jeune homme de bonne famille rêvant de devenir acteur, et qui va peu à peu découvrir, par l’intermédiaire de sa sœur, une faune extraordinairement atypique. Côté distribution, on ne mégote pas : Jean-Paul Belmondo, Francis Blanche, Claude Brasseur, Sophie Daumier, Sophie Desmarets, Jacques Dufilho, Anna Karina, Simone Signoret, François Périer ou encore Jean-Pierre Marielle. Une succession de joyeux sketches, vus par plus d’un million de spectateurs à l’époque.

Guy Bedos entouré de Philippe Noiret, Pierre Mondy, Michael Lonsdale, Claude Rich, Jacques Balutin et Christian Marin dans Les Copains (Yves Robert, 1965) - © Gaumont

En 1965, Bedos se rapproche encore d’ Yves Robert, lequel l’engage cette fois pour incarner un des rôles-titres de sa nouvelle production, Les Copains, adaptée d’un roman de Jules Romains. Une pépite de la Comédie à la française où s’entremêlent également les talents de Philippe Noiret, Claude Rich, Michael Lonsdale, Jacques Balutin, Pierre Mondy, Christian Marin et de Claude Piéplu.

Claude Brasseur, Guy Bedos, Victor Lanoux et Jean Rochefort dans Nous irons tous au paradis (Yves Robert, 1977) - © Gaumont

S’en suit un diptyque d’anthologie, constitué d’Un éléphant ça trompe énormément (1976) et de Nous irons tous au paradis (1977). Développés avec la complicité émérite de Jean-Loup Dabadie, et interprétés par une équipe d’exception (Jean Rochefort, Claude Brasseur, Victor Lanoux, Marthe Villalonga, Christophe Bourseiller, Danièle Delorme), ces films, couronnés de critiques élogieuses et d’un succès public amplement mérité (2.925.868 et 2.080.789 entrées), sont depuis entrés dans la légende. Et Bedos d’y trouver en leur sein son plus beau rôle, celui du médecin hypocondriaque Simon Messina, persécuté par une mère juive extrêmement possessive (étonnante Marthe Villalonga, de deux ans son aînée en vérité !).

Guy Bedos (Simon Messina) dans Nous irons tous au paradis (Yves Robert, 1977) - Dialogue de Jean-Loup Dabadie

À ce sujet, il témoigne : « J’ai adoré [le scénario]. Je n’ai pas fait la moindre retouche, c’est rare avec moi. Généralement, je ne touche pas à la structure, mais je peux intervenir sur les dialogues. Là, rien. Mon ami Jean-Loup, qui est mon frère, ne s’était pas trompé. il connaissait très bien les acteurs et il écrit à l’oreille. Il nous connaissait : Brasseur, Lanoux, Rochefort et moi bien entendu. Il a fait du sur-mesure. (…) Si les deux films m’ont tellement plu, c’est qu’ils évoquaient ce cinéma italien dont je raffole. Que ce soit Dino Risi ou Ettore Scola, c’est le cinéma qui m’a guidé, aussi bien dans mon écriture que dans mon jeu.» (Entretien avec Laurent Jaoui,  Schnock n°10, février 2014)

Guy Bedos en novembre 1971 sur le tournage de L’Œuf de Jean Herman

Le Pistonné (Claude Berri, 1970)
L'Œuf (Jean Herman, 1972)
Réveillon chez Bob (Denys Granier-Deferre, 1984)
Et si on vivait tous ensemble ? (Stéphane Robelin, 2012)

Avec le recul, on regrette que le 7ème Art n’ait pas fait davantage appel à cet immense artiste. Citons néanmoins, parmi les titres les plus notables de sa filmographie, Appelez-moi Mathilde (Pierre Mondy, 1969) dans lequel il donne la réplique à Jacqueline Maillan, Robert Hirsch et Michel Serrault, Le Pistonné (Claude Berri, 1970) avec aussi Coluche, L’Œuf (Jean Herman, 1972), Réveillon chez Bob (Denys Granier-Deferre, 1984), Il est génial papy ! (Michel Drach, 1987), Le Bal des casse-pieds (Yves Robert, 1992), La Jungle (Mathieu Delaporte, 2006), Moi, Michel G., milliardaire, maître du monde (Stéphane Kazandjian, 2011), sans oublier l’excellent Et si on vivait tous ensemble ? (Stéphane Robelin, 2012) où, pour son ultime apparition à l’écran, Guy Bedos s’amusait en compagnie de Pierre Richard, Claude Rich, Jane Fonda et Géraldine Chaplin.

En exclusivité pour CineComedies, Pierre Richard et Stéphane Robelin racontent Guy Bedos

par Gilles Botineau

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