Le dernier témoignage de Michel Galabru

Outre son immense carrière au cinéma, au théâtre ainsi qu’à la télévision, Michel Galabru [lire notre hommage au comédien] a écrit plusieurs livres, Je l’ai perdue au 18 (1996), Trois petits Tours et puis s’en vont… (2002), Vous m’avez compris (2003), Je ne sais pas dire non ! (2011), et Tout est Comédie (2013), à travers lesquels il se confiait déjà très intimement sur son expérience, ses rencontres, ses joies ou ses contrariétés. Un mois après sa disparition, les éditions Hors Collection nous proposent son ouvrage suprême, réalisé avec la complicité d’Alexandre Raveleau, l’auteur de Nos années Science-Fiction, et le Petit Dictionnaire du Western.

Michel Galabru dans Le Gendarme de Saint-Tropez (Jean Girault, 1964)Les Rôles de ma vie complète avec une admirable précision le portrait de cet artiste parmi les plus populaires de l’hexagone, traitant, en détails ou en un rapide effleurage, les œuvres, et ceux qui les ont réalisé, essentielles à son parcours, certaines, même, pour la première fois : Monsieur Balboss de Jean Marboeuf, Subway de Luc Besson, Kamikaze de Didier Grousset. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que l’on dévore cet album filmographique où se succède une partie de ses meilleurs souvenirs, oubliés souvent par une très large majorité : La Sentinelle endormie (Jean Dréville, 1966), Je hais les Acteurs (Gérard Krawczyk, 1986), Les Mouettes (Jean Chapot, 1991)…

Bien sûr, il y a aussi les incontournables, La Cuisine au beurre, Le Gendarme de Saint-Tropez et ses suites, Le Petit Baigneur, Le Juge et l’assassin, La Cage aux folles, ici enfin traités sous un angle nouveau : la lourdeur de Fernandel, les mensonges de Jean Lefebvre, le caractère glacial d’Édouard Molinaro… sans oublier une doublure prétentieusement envahissante !

Michel Galabru, Fernandel et Bourvil dans La Cuisine au beurre (Gilles Grangier, 1963)

En parallèle, Galabru ne se cache d’aucune abjection : La Honte de la Famille de Richard Balducci, Le Chasseur de chez Maxim’s de Claude Vital, ou Room Service de Georges Lautner, qu’il assassine ouvertement, et cite joyeusement son frère pour clôturer le sujet : « Quand Michel est à l’affiche d’un film, il ne faut pas y aller ! »

Michel Galabru et Louis de Funès dans Le Gendarme en balade (Jean Girault, 1970))Le comédien s’attarde également sur ses débuts, et rend un hommage touchant à ses copains immémorés : Henri Génès, Rellys, Marcel Merkès… craignant, en définitif, un sort identique : « Les plus grands interprètes de notre siècle ont été oubliés. Mon nom sera certainement comme celui de Martine Carol et de tant d’autres : balayé par le temps. »

On se délecte de toutes ses anecdotes, tendres ou amusantes, concernant Jean-Luc Godard, Philippe Clair, Jean Carmet, Francis Blanche, Jean-Pierre Darras. De ses tête-à-tête avec Romy Schneider, Alain Delon… et de sa participation – en espagnole ! – aux côtés de Penélope Cruz dans Belle époque (1994).

Les Rôles de ma vie (Michel Galabru, 2016)Bref ! Arrivé au terme de ces trois cent pages, on aimerait en lire encore davantage. Alexandre Raveleau devait revoir Michel Galabru à l’aurore de l’année 2016, et ce, afin de poursuivre cette introspection. Las, l’acteur nous a quittés le 4 janvier dernier, emportant avec lui ses ultimes secrets.

Les Rôles de ma vie
de Michel Galabru
avec Alexandre Raveleau
Editions Hors Collection
304 pages
Parution : 18 février 2016

par Gilles Botineau

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