Figure mémorable de notre patrimoine culturel cinématographique, le comédien Maurice Barrier nous a quittés le 12 avril 2020 à l’âge de 87 ans, victime du Covid-19.
Né le 8 juin 1932, à Malicorne-sur-Sarthe, Maurice Barrier est devenu acteur un peu par hasard. Alors qu’il enchaîne les petits boulots dans la région du Loir-et-Cher (ébéniste, charcutier, plombier), il intègre une chorale dès ses dix-huit ans, et développe progressivement cette passion naissante : « J’ai pris des cours de chant au conservatoire de la ville du Mans. Je faisais des radio-crochets et je chantais dans les cinémas, lors des entractes », détaille-t-il au micro du journaliste Yves Allain, pour L’Yonne Républicaine. Suite à quoi, une connaissance le fait entrer au théâtre de la Comédie de l’Ouest. Nous sommes en 1959, et Maurice Barrier, bientôt trentenaire, s’y épanouit pleinement.
Après de belles et solides expériences sur les planches, d’importants seconds rôles lui sont offerts au cinéma : il apparaît ainsi en citoyen cocardier dans Les Mariés de l’An II (Jean-Paul Rappeneau, 1970) face à Jean-Paul Belmondo, avant de revêtir le costume de l’agent secret Chaperon dans Le Grand Blond avec une Chaussure noire (Yves Robert, 1972) aux côtés de Pierre Richard, Mireille Darc, Jean Rochefort et Bernard Blier. De gros succès, qui lui permettent rapidement de multiplier les contrats.
Et, bien que sa « gueule » inspire davantage les auteurs de polars ou de drames, la comédie ne le boude pas pour autant. Outre la chance de croiser Brigitte Bardot sur le plateau de son ultime long-métrage (L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse-Chemise de Nina Companeez, en 1973), Maurice Barrier retrouve Yves Robert (Salut l’artiste avec Marcello Mastroianni et Jean Rochefort, en 1973) puis Jean-Jacques Annaud (qui l’avait préalablement engagé sur divers spots publicitaires) pour le cultissime Coup de tête, sorti en 1979, et au sein duquel il interprête l’abominable Berri, patron du bistrot Le Pénalty. Dans la foulée, Francis Veber, scénariste du film, pense à lui lorsqu’il cherche à compléter la distribution de nouveaux projets, Les Compères (1983) et Les Fugitifs (1986), désormais réalisés par ses soins, et portés par le couple mythique Pierre Richard/Gérard Depardieu. Deux triomphes successifs, avec plus de quatre millions de spectateurs, rien qu’en France. On retiendra, enfin, sa prestation dans Scout toujours de Gérard Jugnot (1985).
Homme simple et discret, Maurice Barrier ne s’épanchait guère sur son immense carrière : « C’est le passé » résumait-il, très modestement.
par Gilles Botineau