Hommage à Carrie Fisher et Debbie Reynolds

Hommage à Carrie Fisher et Debbie Reynolds

Debbie Reynolds et Gene Kelly dans Chantons sous la pluie (Stanley Donen et Gene Kelly, 1952)Les 27 et 28 décembre 2016, Carrie Fisher et Debbie Reynolds nous ont quittés à l’âge de 60 ans et 84 ans.

Mère et fille dans la vie, même si Carrie affirmait être la meilleure amie de Debbie plus que sa fille, elles ont incarné chacune sur grand écran un personnage qui a marqué à jamais le cinéma et les cinéphiles du monde entier. On connaît Debbie Reynolds sous les traits de Kathy Selden, chanteuse et danseuse éblouissante aux côtés de Gene Kelly et Donald O’Connor dans Chantons sous la pluie, la comédie musicale la plus célèbre de toute l’histoire du cinéma. Qui n’a pas ri et pleuré devant les pitreries du trio dansant et la romance entre la jeune femme et Don Lockwood ? [voir un extrait]

Le Bébé de Mademoiselle (Norman Taurog, 1956)La suite de sa carrière est moins connue en France que dans son pays d’origine. Après avoir appris à danser pour les besoins du film de Stanley Donen et Gene Kelly, on la retrouve dans diverses comédies romantiques et/ou musicales plus ou moins réussies : Donnez-lui une chance (1953) à nouveau dirigée par Stanley Donen, Cupidon photographe (Don Weis, 1953) où elle retrouve Donald O’Connor, Casanova Junior (Don Weis, 1953) avec le sautillant Bobby Van, Athena (Richard Thorpe, 1954) avec Jane Powell, Suzanne découche (Frank Tashlin, 1954) avec Dick Powell, Le Tendre piège (Charles Walters, 1955) avec Frank ‘The Voice’ Sinatra, qui lui donne ce précieux conseil — parole de chanteur :  » Je sais que tu es fiancée à Eddie, mais je ne veux pas que tu épouses un chanteur, parce que nous ne sommes pas fidèles et ne le serons jamais, moi y compris. Nous sommes épouvantables. Alors ne l’épouse pas ». Quand Debbie épouse Eddie Fisher, les ennuis commencent. Après un film de Blake Edwards (Le Démon de midi, 1958) et un autre de Frank Tashlin (L’Habit ne fait pas le moine, 1959) avec Bing Crosby, elle tourne en 1956 un unique film avec Eddie Fisher, le futur papa de Carrie : Le Bébé de Mademoiselle réalisé par Norman Taurog.

Leslie Nielsen et Debbie Reynolds dans Tammy and the Bachelor (Joseph Pevney, 1957)Un an plus tard, alors âgée de vingt-cinq ans, mariée avec Eddie Fisher et enceinte de Carrie au moment du tournage (du 24 avril à début juin 1956), elle fait fondre les spectateurs en chantant « Tammy… Tammy… Tammy’s in love » (écrite par Jay Livingston et Ray Evans) dans la comédie romantique Tammy and the Bachelor. Elle y croise le futur Lieutenant de la série Y a-t-il un flic… : Frank Drebin alias Leslie Nielsen. Le film de Joseph Pevney n’est pas un succès immédiat mais la chanson Tammy reste cinq semaines en tête du Billboard, si bien que Universal ressort le film qui devient un énorme succès. [voir la bande-annonce]

Trois suites sont réalisées mais sans Debbie Reynolds qui laisse sa place à Sandra Dee (Tammy Tell Me True en 1961 et Tammy and the Doctor en 1963) puis à Debbie Watson (Tammy and the Millionaire, 1967). Jusqu’à la fin de sa vie, Debbie interprètera Tammy dans ses nombreux tours de chant.Tony Curtis et Debbie Reynolds dans Les Pièges de Broadway (Robert Mulligan, 1960)En 1960, Debbie Reynolds tourne sous la direction de Robert Mulligan aux côtés de Tony Curtis. Les Pièges de Broadway commence de façon dramatique et bascule tout à coup dans la comédie avec une extrême subtilité. Un très grand film à redécouvrir ! [voir la bande-annonce]

En 1964, La Reine du Colorado de Charles Walters vaut à la comédienne sa seule nomination aux Oscars. La même année, elle tourne sous la direction de Vincente Minnelli Au revoir Charlie dans lequel elle retrouve Tony Curtis. Elle tourne encore deux comédies à la fin des années 1960 : Divorce à l’américaine (Bud Yorkin, 1967) avec Dick Van Dyke, et Adorablement vôtre (Jerry Paris, 1968) avec James Garner, puis disparaît du grand écran pour se consacrer au petit.

Debbie Reynolds et Carrie Fisher à l'âge de 2 ans et demi © Getty Images
Debbie Reynolds et Carrie Fisher le 12 février 1972 © Dove/Evening Standard/Getty

La carrière de Debbie Reynolds est indissociable de celle de sa fille Carrie Fisher avec qui elle a instauré une relation à la fois fusionnelle et tourmentée, comme l’illustre le brillant documentaire de Alexis Bloom et Fisher Stevens intitulé Bright Lights: Starring Carrie Fisher and Debbie Reynolds et dont la première a eu lieu à Cannes Classics lors du festival 2016.

Carrie Fisher nous a fait rêver, trembler, fantasmer et voyager, affublé d’une garde-robe princière tendance intergalactique dans la saga Star Wars de Georges Lucas. Paradoxalement, son personnage de princesse Leia a lancé sa carrière mais l’a en même temps freinée. Le succès planétaire de La Guerre des étoiles, L’Empire contre-attaque et Le Retour du Jedi a malheureusement occulté le reste de sa carrière.

Carrie Fisher dans Shampoo (Hal Ashby, 1975)
Carrie Fisher et Debbie Reynolds sur scène
Carrie Fisher dans Hannah et ses sœurs (Woody Allen, 1986)

Après des débuts au théâtre avec sa mère, elle fait ses premiers pas au cinéma en 1975 dans Shampoo, une comédie de Hal Ashby avec Warren Beatty et Goldie Hawn. Par la suite, on la retrouve dans plusieurs comédies devenues des classiques : The Blues Brothers (John Landis, 1980) aux côtés de ses boyfriends de l’époque John Belushi et Dan Aykroyd ; Hannah et ses sœurs (Woody Allen, 1986) avec Mia Farrow, Barbara Hershey, Dianne Wiest ; Les Banlieusards (Joe Dante, 1989) où elle interprète la femme de Tom Hanks ; Quand Harry rencontre Sally… (Rob Reiner, 1989) où elle joue Marie, la meilleure amie de Sally (Meg Ryan) ; Austin Powers (Jay Roach, 1997) où elle accueille le Doctor Evil (Mike Myers) et son fils (Seth Green) dans une thérapie de groupe qu’elle anime.

John Belushi, Dan Aykroyd et Carrie Fisher sur le tournage des Blues Brothers (John Landis, 1980)

Carrie Fisher et Tom Hanks dans Les Banlieusards (Joe Dante, 1989)
Carrie Fisher et Meg Ryan dans Quand Harry rencontre Sally… (Rob Reiner, 1989)

En 1987, elle publie une autobiographie à peine romancée intitulée Poscards from the Edge, adaptée trois ans plus tard au cinéma par Mike Nichols. Titré en français Bons baisers d’Hollywood, le film évoque la relation entre Suzanne Vale (Meryl Streep), une jeune femme qui aimerait faire carrière dans l’industrie du spectacle, et sa mère Doris Mann (Shirley MacLaine), comédienne célèbre qui abuse de son statut pour s’immiscer en permanence dans la vie de sa fille.

Carrie Fisher, Debbie Reynolds et Todd Fisher en 1972 © Tim Boxer/Hulton Archive/Getty Images« Ma mère m’a formée pour l’industrie du spectacle, raconte Carrie Fisher dans Bright Lights. « Pourquoi ne chantes-tu pas ? » me disait-elle. C’était ma façon de me rebeller. » Malgré sa voix exceptionnelle, Carrie a décidé de ne pas suivre une carrière de chanteuse comme son père ou sa mère. « Elle ne voulait être ni Eddie ni Debbie. Elle voulait être Carrie, et le deviendrait à sa façon », confie Debbie Reynolds avec émotion.

Passé quasiment inaperçu à sa sortie, ce documentaire est encore plus bouleversant au lendemain de la triste disparition de ces deux icônes du cinéma.

par Jérémie Imbert

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