Jean-Paul Rappeneau à vive allure

23/11/2025 Livres

« Huit films seulement en soixante ans de carrière. Une cadence qui contraste ironiquement avec celle de mes films. C’est en y songeant et en rassemblant mes souvenirs que me vient le titre de mon livre : Vive allure. Cela m’amuse. » Voilà comment le cinéaste Jean-Paul Rappeneau résume son parcours et présente par la même occasion ses mémoires, très attendus, rédigés en compagnie de Kéthévane Davrichewy.

Aujourd’hui âgé de 93 ans, l’homme derrière La Vie de château (1966), Les Mariés de l’an II (1971), Le Sauvage (1975), Tout feu, tout flamme (1982), Cyrano de Bergerac (1990), Le Hussard sur le toit (1995), Bon voyage (2003) et Belles familles (2015) se confie donc enfin, avec la passion, l’élégance et l’humour qu’on lui connaît. Une plongée vertigineuse dans les coulisses du septième art, où les noms de Catherine Deneuve, Jean-Paul Belmondo, Yves Montand, Isabelle Adjani, André Dussollier et tant d’autres s’entremêlent joyeusement. En résultent une succession de chroniques envoûtantes, de délicieux portraits et de nombreuses révélations. Ainsi apprend-on que Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle ont successivement décliné un rôle clef dans Les Mariés de l’an II ou que Keanu Reeves a été approché pour interpréter le personnage principal du Hussard sur le toit.

Pour autant, Jean-Paul Rappeneau ne se contente pas d’enchaîner les anecdotes. Il revient également longuement sur sa fructueuse collaboration – bien que parfois difficile – avec son confrère Philippe de Broca, puis sur son incursion dans le milieu publicitaire (où il tourne pour L’Oréal, Vie active, Cache-cache, Barilla, etc.) et nous offre au final une véritable masterclass en exposant avec une infime minutie sa manière de travailler, ses inspirations et ses appétences : « Tout commence par le crayon et le papier, il faut beaucoup écrire pour faire naître une histoire. Ensuite, il faut un public, il faut raconter. Ma sœur Babou devient celle à qui je conte. « Tu grimaces là ? Pourquoi ? » Je guette la moindre de ses réactions. « Mais non je ne grimace pas. » « Tu t’ennuies ? Ça ne marche pas ? ».

« Quand un film se termine, ajoute-t-il, je suis comme un naufragé sur la plage, j’attends le prochain voyage… ». On aimerait tant ré-embarquer avec lui.