Maria Pacôme, comédienne et auteur, figure essentielle de la comédie à la française, nous a quittés samedi 1 décembre 2018 à l’âge de 95 ans.
Actrice et dramaturge durant une quarantaine d’années, Maria Pacôme aura parcouru tout un pan du cinéma français, imprimant de sa silhouette d’adolescente et de son irrésistible zézaiement un pan conséquent de la comédie à la française. Elle a notamment marqué les esprits en incarnant une formidable Glycia Malaquet, la mère de Pierre Richard dans Le Distrait, premier film réalisé par le comédien en 1970, ou encore Lucie Jumaucourt, la directrice autoritaire du cours Louis XIV, dans Les Sous-doués, la comédie culte réalisée par Claude Zidi en 1980.
En parallèle à sa carrière au cinéma, la comédienne fit également les beaux jours du théâtre populaire. En 1958, sa carrière commence avec Oscar de Claude Magnier, aux côtés de Pierre Mondy et Jean-Paul Belmondo. S’enchaînent des classiques tels que N’écoutez pas Mesdames de Sacha Guitry en 1962, Les Grosses Têtes de Jean Poiret et Michel Serrault en 1969, ou encore Joyeuses Pâques de Jean Poiret en 1981. La bourgeoise exubérante qu’elle campe régulièrement sur les planches fait d’elle une reine du boulevard, accrochant régulièrement son nom au générique de la célèbre émission Au théâtre ce soir.
Le 14 avril 1971 est diffusée sur l’unique chaîne de télévision française une émission intitulée Pacôme toujours. Dans cette succession de sketchs écrits par elle-même, Maria Pacôme y interprète une comédienne qui doit prouver à son agent –joué par Pierre Mondy– qu’elle peut incarner tous les rôles (une espionne, une résistante, une poinçonneuse de métro, une femme fatale, Isadora Duncan…). Elle y croise entre autre Francis Lax, Jean Le Poulain, Micheline Luccioni, Pierre Mondy, Marcel Mouloudji, Philippe Nicaud, Paul Préboist et Pierre Richard.
Au cinéma, après une très brève apparition aux côtés de Noël Roquevert dans Voulez-vous danser avec moi ? de Michel Boisrond, elle prête sa voix inimitable, sa gestuelle et ses dents du bonheur reconnaissables entre toutes à Philippe de Broca dans son premier long-métrage Les Jeux de l’amour (1960) [voir photo à la une], avant d’enchaîner en 1961 aux côtés de Bourvil dans Le Tracassin ou les plaisirs de la ville d’Alex Joffé, en 1964 aux côtés de Darry Cowl dans Les Gorilles et de Louis de Funès dans Un drôle de caïd, puis dans le classique de Jean Girault Le Gendarme de Saint-Tropez.
Après Un drôle de caïd (Jacques Poitrenaud, 1964) et avant de faire « Gazou… gazou… » avec Bernard Blier dans la première réalisation de Pierre Richard en 1970, Maria Pacôme retrouve Philippe de Broca et Jean-Paul Belmondo –son partenaire théâtral dans Oscar– dans la comédie d’aventures Les Tribulations d’un Chinois en Chine (1965). Suivent Les Combinards (1966), Tendre voyou (Jean Becker, 1966), Un drôle de colonel (1968) ou La Maison de campagne (1969), ces deux derniers réalisés par Jean Girault.
Durant les années 1970, on retrouve la comédienne respectivement devant la caméra de pilliers de la comédie à la française : Michel Audiard pour Bons baisers… à lundi (1974), Georges Lautner pour Pas de problème ! (1975), et Jacques Besnard pour La Situation est grave… mais pas désespérée (1976).
Elle marque le début des années 1990 au cinéma avec son rôle dans La Crise (1992), une comédie désopilante de Coline Serreau dans laquelle elle campe la mère de Vincent Lindon et Zabou Breitman. Elle y brille notamment dans une scène mémorable où elle s’énerve contre ses enfants et son futur ex-époux (« Tes problèmes, je m’en fous »). Elle obtient pour sa performance le César, tant mérité, de la meilleure actrice dans un second rôle.
Moins présente sur les écrans ces dernières années, Maria Pacôme avait publié en 2007 une autobiographie intitulée Maria sans Pacôme (Cherche Midi). L’occasion de se replonger pleinement dans la carrière étonnante d’une comédienne qui aura marqué le cœur des Français.
par Emmanuel Gauguet
et Jérémie Imbert