Les Monstres de Dino Risi reviennent en salles

Les Monstres reviennent en salles

Les Monstres, classique éternel de la comédie à l’italienne réalisé par Dino Risi, est de retour au cinéma en version restaurée dès le 19 juin.

Avec Le Pigeon (Mario Monicelli, 1958) et Le Fanfaron (Dino Risi, 1962), Les Monstres est un film fondateur de la comédie à l’italienne. Initialement destiné à Elio Petri, qui souhaitait réaliser un brûlot politique avec Alberto Sordi en vedette principale, le projet échoira finalement à Dino Risi. Le cinéaste des magistraux Une Vie difficile (1961) et La Marche sur Rome (1962) va alors tirer Les Monstres vers la comédie pure.

Ugo Tognazzi dans Le Pauvre soldat (Les Monstres de Dino Risi) - © Splendor Films
Vittorio Gassman dans La Journée d'un parlementaire (Les Monstres de Dino Risi) - © Splendor Films

Véritable œuvre collective conjuguant les talents des scénaristes Ruggero Maccari, Agenore Incrocci, de l’incontournable duo d’écriture Age et Scarpelli et la contribution d’Ettore Scola, Les Monstres adopte la forme du film à sketches. La formule, déjà popularisée lors de la période néo-réaliste, possède un double avantage : elle permet tout d’abord aux producteurs d’aligner plusieurs comédiens de renoms sur la même l’affiche (Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi dans le cas présent), et donne également l’opportunité aux scénaristes de recycler des trames jugées trop brèves pour justifier un long-métrage.

Vittorio Gassman et Daniele Vargas dans Les Deux orphelins (Les Monstres de Dino Risi) - © Splendor Films
Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi dans Le Témoin volontaire (Les Monstres de Dino Risi) - © Splendor Films

En dix-neuf vignettes de durée variable — de 30 secondes à 15 minutes —, Les Monstres dynamite l’Italie du boom économique du début des années 1960, entre autre travers de la société transalpine de l’après-guerre. Aux côtés de la lâcheté masculine, de la rapacité et de l’abrutissement footballistique, la consommation est au centre de la satire de Dino Risi. Au « baptême » douteux de la Fiat 600, alors fierté de l’industrie italienne, de la séquence Vernissage, s’ajoute l’irruption des postes de télévision décrite dans L’Opium du peuple et son ménage à trois incluant Michèle Mercier…

Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman dans Le Noble Art (Les Monstres de Dino Risi) - © Splendor Films
Ugo Tognazzi dans L'Opium du peuple (Les Monstres de Dino Risi) - © Splendor Films

D’une noirceur inouïe pour son époque, le film de Risi possède même un caractère visionnaire : et si l’innocent garçonnet élevé à l’art de la fourberie dans La Bonne éducation n’était autre qu’un futur Silvio Berlusconi en puissance ?

Les Monstres (I Mostri) de Dino Risi (1963)
Les Nouveaux monstres (I nuovi mostri) de Mario Monicelli, Dino Risi et Ettore Scola (1977)
Les Nouveaux sauvages (Relatos salvajes) de Damián Szifron (2014)

Énorme succès en salles lors de sa sortie en 1963, Les Monstres bénéficiera d’une suite : en 1977, Les Nouveaux monstres renouvelle avec brio la formule en ajoutant Alberto Sordi à son casting. Trois décennies plus tard, Les Nouveaux sauvages de Damian Szifron (2014) adaptera à la mode argentine la satire féroce de Dino Risi. Tremblez spectateurs, les monstres sont toujours vivants !

par Christophe Geudin

Les Monstres (I Mostri) de Dino Risi (1963)
Au cinéma le 19 juin 2019
LES MONSTRES (I Mostri, 1963)
Réalisation : Dino Risi
Scénario : Agenore Incrocci, Furio Scarpelli, Elio Petri, Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari
Casting : Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Marisa Merlini, Lando Buzzanca, Rica Dialina, Marino Mase, Michèle Mercier…
Musique : Armando Trovajoli
Pays : Italie
Durée : 2h01
Distribution : Splendor Films
Bande-annonce
Page officielle

Synopsis : Dix-neuf sketches, souvent féroces, sur les petites bassesses de tous les jours : La Bonne éducation (un père inculque à son jeune fils ses propres principes moraux), Le Monstre (arrestation d’un monstrueux assassin), Comme un père (un homme frappe à la porte d’un ami en pleine nuit. Il s’inquiète car son épouse rentre tard le soir. Il la soupçonne de le tromper), Rapt (le cinéma a ses exigences), Le Pauvre soldat (un soldat apprend que sa sœur a été assassinée. Il va sur les lieux du crime puis décide d’aller voir les journalistes), Une vie de chien (un père de famille et sa famille nombreuse dans la misère), La Journée d’un parlementaire (un député vaque à ses multiples occupations et fait poireauter un général intègre), Sur le sable (séducteurs italiens à la plage), Le Témoin volontaire (un homme décide de témoigner contre un accusé au grand dam de l’avocat de la défense), Les Deux orphelins (deux mendiants essaient de s’attirer les faveurs des passants), L’Embuscade (brillante chorégraphie urbaine autour d’un contractuel), La Victime (l’amant demande à sa maîtresse de lui demander de rompre), Vernissage (une auto flambant neuve, mais pour quoi faire ?), La Muse (les jurés d’un prix littéraire débattent sur le nom du prochain lauréat), On oublie vite (un couple se rend au cinéma pour regarder un film sur la seconde guerre mondiale), La Rue est à tout le monde (que l’on soit piéton ou au volant), L’Opium du peuple (un « drogué » de télé ne se préoccupe plus de rien d’autre), Le Testament de Saint-François (coquetterie télévisuelle), Le Noble Art (deux crétins, un boxeur à la retraite et un entraîneur fauché, s’associent pour un dernier combat).

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